Et si on faisait confiance aux Lobbyistes ?
Huit cents ans nous séparent des Anglais, qui depuis la Grande Charte de Jean Sans Terre au XIIIème siècle, ont inscrit dans leurs institutions le droit de s’adresser à ses gouvernants pour défendre ses intérêts particuliers, actant du principe selon lequel de la confrontation des intérêts particuliers naîtra un point d’équilibre proche du bien commun.
Il faudra à la France attendre la loi du 9 décembre 2016 dites loi Sapin 2, pour reconnaitre officiellement le lobbying, dont la philosophie déclarée est « le renforcement du lien de confiance entre les citoyens et les acteurs publics et économiques ».
LA CONFIANCE, tout est dit !
Mais comment expliquer un tel espace-temps ?
La réponse tient dans notre histoire.
Héritage de la monarchie de droit divin, le pouvoir ne se partage pas et seul le détenteur de l’autorité suprême peut être garant de l’intérêt général.
Une conception centralisatrice, jacobine, sacralisée dans la formule lapidaire de Louis XIV « l ’Etat c’est moi », qui marquera et marque peut être encore en filigrane nos esprits et nos institutions…
Car sinon comment expliquer cette défiance vis-à-vis du lobbying, occultant le fait que derrière cette appellation existent des hommes et des femmes qui exercent cette profession en indépendants où en entreprise, avec compétence et déontologie ?
Quand reconnaitrons-nous ces juristes, spécialistes de la procédure parlementaire et du fonctionnement des institutions comme des acteurs au service du monde économique et de la démocratie ?
Quoi de plus louable que de permettre, faciliter, travailler au renforcement du dialogue entre deux mondes, le monde politique et le monde économique, pour des décisions mieux éclairées et au plus près des besoins du terrain…
Dans ce concert où l’on ne montre que les mauvais exemples, rendons hommage à Jacques Delors qui a compris que la conception Française n’était pas tenable au niveau Européen, à Gaston Defferre qui a compris que l’intérêt général pouvait être décentralisé, à la Commission des Affaires Economiques de l’Assemblée Nationale qui dans un livre bleu a loué en préambule les vertus des groupes d’intérêts et la valeur ajoutée qu’ils apportent, notamment en matière d’expertise, aux débats législatifs.
Créer un lien de confiance et faire participer l’entreprise à la réflexion politique dans le respect des institutions, telle est la réalité du lobbying.
C’est dit !